Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
RIENZI.

— Ah ! je m’en doutais bien. Mais ce jeune garçon que je vois, n’est-ce pas un nouveau visage ?

— Chut ! Cola, parle-lui avec bonté, je t’en prie ; je te conterai son histoire plus tard. Angelo, approchez. Vous voyez votre nouveau maître, le tribun de Rome. »

Angelo s’approcha avec une timidité qui ne lui était pas habituelle ; car Rienzi, en tout temps, avait eu un air de majesté qui lui était naturel, et, depuis son avénement au pouvoir, il avait pris aussi naturellement un extérieur plus grave et plus austère, qui inspirait un mélange de respect et de crainte involontaire à ceux qui l’approchaient, même aux ambassadeurs des souverains. Le tribun sourit en voyant l’effet qu’il avait produit ; comme par caractère il aimait les enfants, et qu’il était affable pour tous, excepté pour les grands, il s’empressa de dissiper cette impression. Il prit affectueusement dans ses bras cet enfant, l’embrassa et lui souhaita la bienvenue.

« Puissions-nous avoir un fils aussi beau ! murmurait-il à Nina, qui rougit en se détournant.

— Ton nom, mon petit ami ?

— Angelo Villani.

— Un nom toscan. Il y a un homme de lettres à Florence, qui écrit en ce moment même nos annales, sans doute d’après le bruit public, qui s’appelle Villani. Peut-être est-ce ton parent ?

— Je n’ai point de parents, dit vivement le jeune garçon ; aussi, je n’en saurai que mieux aimer la signora et vous honorer, si vous voulez me le permettre. Je suis Romain ; tous les enfants de Rome honorent Rienzi.

— Vraiment, mon brave gaillard ? dit le tribun, rougissant de plaisir. C’est un bon présage qui m’annonce que ma prospérité n’est pas près de finir. Il remit l’enfant à terre et se jeta sur les coussins, tandis que Nina se plaçait à côté de lui sur une sorte de tabouret.