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RIENZI.

gner le récit inutile, ce garçon, dès son enfance, est tombé à ma charge ; c’est un dépôt difficile et pénible pour une femme dont les pensées ne sont plus de ce monde. Je l’ai élevé comme il convenait à un enfant de noble race ; car des deux côtés, signora, il est noble, bien qu’orphelin, sans père et sans mère.

— Pauvre enfant ! dit Nina avec compassion.

— Avancée maintenant en âge, poursuivit Ursule, accablée d’années, ne désirant plus que faire ma paix avec le ciel, je suis venue ici il y a quelques mois, dans le but de le placer chez un de mes parents, et de prendre après le voile dans la cité de l’Apôtre. Hélas ! j’ai trouvé mon parent mort, et son héritier était un baron d’un caractère brutal et dissolu. Restant ici, dans l’embarras et l’anxiété, je crus entendre la voix de la Providence, quand, hier soir, l’enfant m’a raconté que vous vous étiez plu à l’honorer de votre attention. Comme le reste de Rome, il a déjà appris à être plein d’enthousiasme pour le tribun, et dévoué à la femme du tribun. Voulez-vous, sérieusement, l’admettre dans votre maison ? Il ne déshonorera point votre protection par sa naissance, ni, j’y compte bien, par sa conduite.

— À mes yeux sa figure lui tiendrait lieu de garantie, madame, même sans une recommandation aussi distinguée que la vôtre. Est-il Romain ? Son nom, alors, doit m’être connu.

— Pardonnez-moi, signora, répondit Ursule, il porte le nom d’Angelo Villani, et non celui de son père ou de sa mère. L’honneur d’une maison noble condamne son origine à rester pour toujours inconnue. C’est le fruit d’un amour que l’Église n’a point sanctionné.

— Raison de plus pour l’aimer, alors, et pour avoir pitié de lui, victime d’un péché dont il n’est pas coupable ! repartit Nina, les yeux humides, car elle voyait les joues de l’adolescent se couvrir d’une profonde et brûlante rougeur. Avec le règne du tribun commence une ère