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RIENZI.

pontifical, resplendissantes dans les airs d’alentour. Ne sachant guère à qui s’adresser dans une telle assemblée, Ursule fut tirée de peine par un officier revêtu d’un costume d’or et d’écarlate qui, avec un décorum grave et poli, observé par tous les serviteurs de Rienzi, lui demanda respectueusement qui elle cherchait. « La signora Nina ! » répondit Ursule, redressant sa taille imposante avec une dignité naturelle, bien qu’un peu surannée. Son accent avait quelque chose d’étranger, et la réponse de l’officier s’en ressentit.

« Aujourd’hui, madame, je crains que la signora ne reçoive que les dames romaines. Demain est le jour destiné à toutes les nobles dames étrangères. »

Ursule, d’un ton un peu impatient, répliqua :

« Mon affaire est de celles qui sont bienvenues tous les jours dans les palais. Je viens, seigneur, mettre aux pieds de la signora certains présents qu’elle daignera, j’en suis sûre, accepter.

— Et dites, seigneur, ajouta brusquement le jeune garçon, qu’Angelo Villani, que la signora Nina a honoré hier de son attention, n’est pas un étranger mais un Romain ; et qu’il vient, comme elle l’y a invité, présenter à la signora ses hommages et son dévouement. »

Le grave officier ne put s’empêcher de sourire à la hardiesse pétulante, mais qui n’était pas sans grâce, du jeune Angelo.

« Je me rappelle, maître Angelo Villani, répliqua-t-il, que dame Nina vous a parlé près du grand escalier. Madame, je vais faire votre commission. Veuillez me suivre dans un appartement plus convenable à votre sexe et à votre bonne mine. »

Là-dessus l’officier les mena au travers de la salle vers un large escalier de marbre blanc, au centre duquel, sur toute sa longueur, étaient étendus ces riches tapis d’Orient, qui à cette époque, où des nattes de joncs garnissaient