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RIENZI.

mon fils, elles sont coupables ; du moins, j’en ai peur. Viens à table et mange ; nous irons de bonne heure, comme font tous les solliciteurs. »

Angelo eut bientôt fini son repas du matin, et sortant avec Ursule par la grande porte, il vit, à sa grande surprise, quatre de ces serviteurs qui alors accompagnaient ordinairement les personnes de distinction et qu’on trouvait à louer dans toutes les villes, pour la commodité des étrangers ou pour flatter la vanité des citoyens en partie de plaisir les jours de fêtes.

« À la bonne heure, nous faisons bien les choses aujourd’hui ! dit-il, en applaudissant avec une vivacité qu’Ursule ne manqua point de réprimander.

— Ce n’est point pour un vain apparat, ajouta-t-elle, dont la vraie noblesse peut bien se passer ; c’est pour obtenir au palais une plus prompte admission. Ces princes d’hier ne donnent pas facilement audience aux gens d’apparence trop humble.

— Oh ! mais vous vous trompez cette fois, dit Angelo. Le tribun donne audience à tous, aux plus pauvres comme aux plus riches. Il n’est point un paysan déguenillé et un moine à pieds nus qui ne trouve près de lui un plus facile accès que le plus fier baron. C’est pour cela que le peuple l’aime tant. Il consacre un jour de la semaine à recevoir les veuves et les orphelins, et vous savez, mère, que je suis un orphelin. »

Ursule, déjà absorbée dans ses propres pensées, l’entendait à peine et ne répondait rien ; mais, s’appuyant sur le bras du jeune garçon, et précédée des valets de pied qui marchaient devant pour lui frayer le passage, elle se dirigea lentement vers le palais du Capitole.

Il eût été admirable pour un œil plus observateur de remarquer le changement que deux ou trois mois seulement du gouvernement sévère, mais salutaire et sage du tribun, avaient effectué dans les rues de Rome. On ne