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RIENZI.

faut que vous partiez, adieu, et puisse le succès vous accompagner !

— Nous pourrons nous revoir, j’espère, répliqua Adrien. »

Adeline poussa un doux soupir, et le Colonna, contemplant ses traits éclairés par la lune, vers laquelle ils étaient légèrement levés, fut douloureusement frappé de leur délicatesse presque diaphane. Touché de compassion, avant de se mettre en selle, il tira Montréal à part :

« Pardonnez-moi si je vous semble présomptueux ; mais pour un noble tel que vous, cette vie errante n’est guère une carrière convenable. Je sais bien que de notre temps la guerre consacre tous ses enfants ; mais assurément un poste fixe à la cour de l’empereur ou une réconciliation honorable avec vos frères en chevalerie vaudrait mieux…

— Qu’un camp de tartare et un château de brigand, interrompit Montréal avec quelque impatience. C’est ce que vous alliez dire, vous vous trompez. La société m’a repoussé de son sein : que la société recueille le fruit qu’elle a semé. Un poste fixe ? dites-vous. Quelque office subalterne, pour combattre sous le commandement d’autrui ! Vous ne me connaissez pas, Walter de Montréal n’a pas été fait pour obéir. Combattre quand je veux, reposer quand il me plaît, voilà la devise de mon écusson. L’ambition me propose des récompenses que vous ne savez pas ; je suis du moule aussi bien que de la race de ceux dont l’épée a conquis des trônes. Du reste, ce que vous m’avez dit de l’alliance de Louis de Hongrie avec votre tribun oblige l’ami de Louis à s’abstenir de toute inimitié contre Rome. Avant la fin de la semaine, les hiboux et les chauves-souris pourront se réfugier dans ces tours grises.

— Mais votre dame…

— Elle est endurcie au changement. Dieu veille la secourir et mesurer le vent à la toison de l’agneau !

— Assez, sire chevalier ; mais si vous désirez à Rome