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RIENZI.

le bord où l’onde rapide baigne le manoir. Tout repose, excepté la demoiselle et son jeune troubadour ; belle amie, tu es pour mon âme ce que sont les étoiles pour les eaux qui portèrent ma barque, que tu vois se soulever encore, attachée au rivage ; de même mon cœur s’amarre à ta beauté.

Bel’ amie, bel’ amie, bel’ amie !

2.

Veux-tu fuir loin du monde ? Il a des richesses pour la vanité ; mais l’amour brise ses liens quand il y a de l’or dans ses chaînes. Veux-tu fuir loin du monde ? Il a des cours pour l’orgueilleux ; mais l’amour, né dans des retraites solitaires, s’ennuie à mourir dans la foule. Si le sein de ton ami était pour toi le monde, ô ma chérie, ton monde ne pourrait manquer d’une éclatante sérénité ; car tu serais toi-même son soleil, et quel lieu pourrait rester obscur sous ta lumière ?…

Bel’ amie, bel’ amie, bel’ amie !

3.

Les riches et les grands te courtisent, chérie, et ton jeune troubadour est pauvre, bien que ses ancêtres soient des princes ; mais jamais son cœur n’a faibli que pour toi, mon adorée : son luth est pur de tout mensonge, comme sans tache est son épée. Ah ! je me résigne volontiers à connaître la douleur, si je puis seulement compter sur toi pour me consoler ; et la terre tout entière serait mon ennemie que je ne m’en soucierais point si ton doux cœur se trouvait fidèle à mes côtés !

Bel’ amie, bel’ amie, bel’ amie !

4.

La demoiselle rougit, la demoiselle soupira ; pas un