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RIENZI.

2.

Comme un oiseau, même par un beau ciel, sent l’orage s’abaisser, mon âme présage l’approche de la tempête à l’heure où brille le soleil.

Hélas ! hélas !

Soyons gais tandis que nous le pouvons encore ! Je te l’ordonne, mon cœur, sois gai ; mais toujours, je ne sais pourquoi, tu me réponds avec un soupir, tendre cœur :

Hélas ! hélas !
3.

Comme ce crépuscule dont se voilent les cieux, le doute amène la douleur ; quand la lumière du jour s’éteint, qui sait quel sera le lendemain ?

Hélas ! hélas !

Sois joyeux, sois joyeux, mon luth, bientôt tes cordes seront muettes. Sois joyeux ! — Mais écoutez, quand il expire, la note prophétique soupire son dernier

Hélas ! hélas !

— Ma chère Adeline, mon aimable rossignol, murmurait à demi voix Montréal, et, s’approchant bien doucement, il se mit aux pieds de sa dame : « Ton chant est trop triste pour cette heureuse soirée.

— Jamais aucun son, dit Adrien, ne pénétra au cœur sans que le trait en fût trempé dans la douleur. Le vrai sentiment, Montréal, est le frère jumeau de la mélancolie qui n’est pas la tristesse. »

La dame leva sur les traits d’Adrien un regard approbateur : elle était satisfaite de leur expression ; plus satisfaite encore de ces paroles dont les femmes, mieux que les hommes, reconnaissent la vérité. Adrien y ré-