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RIENZI.

— L’objet de mon ambassade en est une preuve. Êtes-vous instruit, seigneur de Montréal, que Louis, roi de Hongrie…

— Ah ! qu’y a-t-il sur son compte ?

— S’en est rapporté pour la décision du différend qui s’est élevé entre lui et Jeanne de Naples touchant la mort de son frère, l’époux de la noble reine, à l’arbitrage du tribun ? C’est la première fois, ce me semble, depuis la mort de Constantin, qu’on ait jamais honoré un Romain d’une si grande confiance et d’une si haute mission.

— Par tous les saints du calendrier, s’écria Montréal en se signant, cette nouvelle est vraiment étonnante ! Le farouche Louis de Hongrie mettre le glaive au fourreau et choisir un autre arbitre que le champ de bataille !

— Et c’est là, continua Adrien d’un ton significatif : c’est là ce qui m’a fait accepter votre courtoise invitation. Je sais, brave Montréal, que vous entretenez correspondance avec Louis. Louis a donné au tribun les meilleurs gages d’amitié et d’alliance, agirez-vous sagement en vous…

— En me mettant en guerre avec l’allié des Hongrois, interrompit Montréal : c’est ce que vous alliez ajouter ; la même pensée traversait mon esprit. Monseigneur, pardonnez-moi, mais souvent les Italiens inventent ce qu’ils désirent. Sur l’honneur d’un chevalier du Saint-Empire, cette nouvelle est-elle la vérité pure et simple ?

— Sur mon honneur et sur ma croix, répondit Adrien en se redressant ; et, en preuve du fait, je suis envoyé de ce pas à Naples pour régler avec la reine les préliminaires du procès présumé.

— Deux têtes couronnées devant le tribunal d’un plébéien, et l’une d’elle pour se justifier d’une accusation de meurtre ! murmura Montréal, voilà de quoi troubler mon cerveau. »

Il demeura rêveur et silencieux quelque temps, jusqu’à