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RIENZI.

pérance de pouvoir l’amener pacifiquement à se retirer d’ici sans l’aide de nos troupes romaines, qui ont ailleurs assez d’autre occupation pour leur vaillance. »

Annibaldi pressa la main de son compagnon.

« Je te comprends, répliqua-t-il avec une faible rougeur, et je l’avoue, je ne pourrais pas me faire aux airs de fatuité de ce barbare après son triomphe. J’accepte ton offre. »


CHAPITRE III.

Entretien du Romain et du Provençal. — Histoire d’Adeline. —
Un clair de lune en mer. — Le luth et les romances.

Aussitôt qu’Annibaldi l’eut quitté avec la plus grande partie de son cortége, Adrien, se débarrassant de ses lourdes jambières, entra seul au pavillon du chevalier de Saint-Jean. Montréal avait déjà ôté son armure, sauf la cuirasse ; il s’avança maintenant pour saluer son hôte avec cette grâce aisée et séduisante qui convenait mieux à sa naissance qu’à sa profession. Il reçut les excuses d’Adrien pour l’absence d’Annibaldi et des autres chevaliers de sa suite avec un sourire qui semblait prouver qu’il en devinait facilement le motif, et le conduisit dans la partie la plus retirée du pavillon où était préparé le repas dont leur exercice récent leur faisait à tous deux ressentir le besoin ; là, pour la première fois, Adrien découvrit Adeline. Une longue habitude de l’existence variée et aventureuse de son amant, rehaussée chez elle d’une