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RIENZI.

billés, tandis que le splendide blason de deux hérauts précédant les porte-étendards proclamait un but pacifique et comme une marche sacrée. Il suffisait d’un coup d’œil de ce côté pour reconnaître le chef de la troupe. Revêtu d’une cuirasse en acier, richement ornée d’arabesques d’or, recouverte d’un manteau de velours vert foncé brodé de perles, tandis qu’au-dessus de ses longues boucles brunes ondoyait une plume d’autruche noire attachée à une haute toque macédonienne (comme en porte aujourd’hui, je crois, le grand maître de l’ordre de Saint-Constantin), chevauchait, en tête de l’escadron, un jeune cavalier qui se distinguait de ses compagnons, rangés à ses côtés, par son gracieux maintien autant que par son splendide costume.

L’écuyer s’approcha respectueusement, et, mettant pied à terre, s’acquitta de sa commission.

Le jeune cavalier sourit en répondant : « Rapporte au sire Walter de Montréal le salut d’Adrien de Colonna, baron de Castello ; et dis-lui que l’objet solennel de mon présent voyage ne me permettra guère de rencontrer la lance redoutable d’un si célèbre chevalier ; j’en ai d’autant plus de regret que je ne puis encore céder à aucune dame la palme de beauté qui appartient à la reine de mes amours. Il faut que j’ajourne l’espoir d’une occasion plus heureuse. Pour le reste, c’est de tout cœur que j’aurai le plaisir de goûter quelques heures près de lui des charmes d’une hospitalité si courtoise. »

L’écuyer fit un profond salut. « Mon maître, dit-il en hésitant, sera bien affligé de manquer un si noble adversaire. Mais mon message s’adresse à toute cette belle et brave compagnie de chevaliers ; et si le seigneur Adrien de Castello pense que l’objet de son présent voyage lui interdise une passe d’armes, sans doute un de ses camarades se chargera volontiers de le remplacer près de mon maître. »