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RIENZI.

portez-vous-en à moi pour donner des ordres !), adresse-toi au chef, et dis-lui que le bon chevalier Walter de Montréal lui envoie mille politesses et le prie, en traversant notre territoire, de se reposer quelque temps avec nous à titre de convive bienvenu ; et… attends… tu ajouteras que, s’il ne lui déplaît pas de passer une heure ou deux à quelque amusement de bon goût, Walter de Montréal serait heureux de rompre une lance avec lui ou avec tout autre chevalier de sa suite en l’honneur de nos dames respectives. Vite, vite, en selle !

— Walter, Walter, commença Adeline, qui avait ce sentiment pénétrant et délicat de sa position, que mainte fois son insouciant amoureux oubliait de gaieté de cœur, Walter, cher Walter, crois-tu faire honneur à…

— Tais-toi, douce fleur de lis ! Tu n’as point vu depuis longtemps semblable passe-temps ; je brûle de te faire reconnaître que tu es toujours la plus belle dame d’Italie, oui, et de la chrétienté. Mais ces chevaliers italiens ne sont que des poltrons, et tu n’as pas à craindre que ma proposition soit acceptée. D’ailleurs, en vérité, dame de mes amours, j’ai de plus graves motifs pour me réjouir d’un événement qui jette sur ma route un noble Romain, peut-être un Colonna ; les femmes n’entendent rien à ces affaires, et tout ce qui concerne Rome en ce moment nous regarde de près.

Là-dessus le chevalier fronça le sourcil comme il faisait toujours quand il réfléchissait, et Adeline, n’osant en dire davantage, se retira dans le compartiment le plus reculé du pavillon.

Cependant l’écuyer s’approchait du cortége qui venait de s’engager au beau milieu du défilé ; et c’était une fière et brave compagnie. Si l’armure complète des soldats semblait annoncer quelque dessein guerrier, en revanche il n’y paraissait guère, à voir la suite nombreuse d’écuyers et de pages sans armes, magnifiquement ha-