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RIENZI.

rayons du soleil, mais s’ouvrait aux douceurs de la brise. C’était le divertissement favori, si cela pouvait s’appeler un divertissement, de la pauvre Adeline. Elle se plaisait à s’échapper des sombres murailles de sa prison de châtelaine, pour venir jouir du soleil et des douceurs de ce voluptueux climat sans éprouver la fatigue que lui donnait depuis quelque temps tout exercice. C’était une galanterie de la part de Montréal, qui, prévoyant qu’avant peu les troupes de Rienzi pourraient bien venir assiéger ses murs, avait voulu faire jouir Adeline une fois encore de ce plaisir auparavant : et d’ailleurs lui-même, il se plaisait autant sous un berceau de feuillage que dans la mêlée d’un champ de bataille.

Tandis qu’ils se reposaient dans le pavillon, l’amoureux et sa dame, les serviteurs, au dehors, flânaient sur la plage ou préparaient la tente d’un bateau destiné à une promenade en mer au coucher du soleil ; d’autres, sous une tente plus grossière, cachée dans le bois, s’occupaient du repas du milieu du jour, tandis que les cordes du luth, touchées par Montréal lui-même, avec une grâce nonchalante, ajoutaient leur harmonie au charme des rêves paisibles qu’inspire l’heure brûlante de midi.

Ils en étaient là lorsqu’un des éclaireurs de Montréal arrive, hors d’haleine et tout échauffé, au pavillon.

« Capitaine, dit-il, un escadron de trente lances, armé de toutes pièces, avec une longue suite d’écuyers et de pages, vient de quitter Terracine. Leurs bannières portent les armes accouplées de Rome et des Colonna.

— Ho ! ho ! dit gaiement Montréal, une troupe pareille est faite pour ajouter aux plaisirs de notre compagnie ; envoie ici mon écuyer. »

L’écuyer paraît.

« Vite, à cheval ! cours au-devant du cortége que tu rencontreras dans le défilé (allons, ma douce dame, rap-