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RIENZI.

propre forteresse, les nouvelles de Rome, fit une profonde révérence en acceptant le présent.

Le malin Provençal vit bien l’impression qu’il avait produite, et reconnut en même temps qu’il lui serait avantageux d’ajourner la décision qu’il pouvait avoir à prendre.

« Assure au tribun, dit-il en donnant congé au messager, dans le cas où tu serais de retour avant l’arrivée de ma lettre, que j’admire son génie, que je rends hommage à son pouvoir, et que je ne manquerai point de réfléchir aussi favorablement que possible à sa demande.

— Mieux nous vaudraient, dit vivement le messager (il était de bonne famille et de noble maintien), mieux nous vaudraient dix tyrans pour ennemis qu’un Montréal.

— Pour ennemi ! Croyez-moi, messire, je ne recherche pas l’inimitié des princes qui savent gouverner ni d’un peuple qui a la sagesse de savoir à la fois commander et obéir. »

Tout le reste du jour, cependant, Montréal demeura pensif et mal à son aise ; il dépêcha des messagers de confiance au gouverneur d’Aquila (alors en correspondance avec Louis de Hongrie), à Naples et à Rome ; ce dernier était chargé d’une lettre au tribun, dans laquelle Montréal, sans se compromettre absolument, prenait un ton soumis, et ne demandait qu’un plus long délai pour ses préparatifs de départ. Mais en même temps de nouvelles fortifications étaient ajoutées au château, d’abondants approvisionnements y étaient introduits, et jour et nuit des espions et des éclaireurs postés le long du défilé et jusque dans la ville de Terracine. Montréal était précisément le chef qui ne faisait jamais tant de préparatifs de guerre que lorsqu’il affectait les dispositions les plus pacifiques. Le matin du cinquième jour qui suivit l’ap-