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RIENZI.

les routes entre Rome et Naples. Les armes brodées sur mon manteau sont celles du pape, de la cité et du tribun.

— Hum ! Il faut que tu sois bien hardi de traverser la campagne sans autre arme que ce bâton d’argent !

— Tu te trompes, sire chevalier, répliqua hardiment le jeune homme ; tu juges du présent par le passé ; sache que pas un maraudeur n’est maintenant en embuscade dans la campagne ; les armes du tribun ont rendu chaque route, dans les environs de la ville, aussi sûre que la plus large rue de la ville elle-même.

— Tu me contes des merveilles.

— À travers la forêt et dans la forteresse, à travers les plus sauvages déserts, à travers les cités les plus populeuses, mes camarades ont porté cette baguette d’argent, sans être molestés, ni insultés ; partout où nous passons, des milliers d’habitants nous donnent la bienvenue, et des larmes de joie bénissent les messagers de celui qui a expulsé le brigand de son repaire, le tyran de son château, et protégé le gain du marchand et la hutte du paysan.

— Pardieu, dit Montréal avec un froid sourire, je dois être reconnaissant de la préférence qu’on m’a montrée ; je n’ai pas encore reçu les ordres ni ressenti la vengeance du tribun ; pourtant, ce me semble, mon humble château est justement placé sur les limites du patrimoine de Saint-Pierre.

— Pardon, seigneur cavalier, reprit le jeune homme ; mais ne parlé-je pas au renommé chevalier de Saint-Jean, guerrier de la Croix et pourtant chef de bandits ?

— Mon garçon, je vous trouve bien hardi : oui, je suis Walter de Montréal.

— Alors, sire chevalier, je suis chargé de visiter votre château.

— Prends garde d’y arriver avant moi, ou tu as grande chance d’en faire une prompte sortie.