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RIENZI.

L’étranger à qui l’on rendait ces honneurs était un jeune homme imberbe, habillé d’étoffe blanche, brodée d’argent ; il était sans armes et pieds nus ; il tenait à la main un long bâton d’argent.

Montréal et sa suite s’arrêtèrent, étonnés, émerveillés, et le chevalier, piquant des deux vers la foule, se mit en face de l’étranger.

« Comment, l’ami, dit le Provençal, est-ce que tu appartiens à un nouvel ordre de pèlerins, ou quelle sainteté particulière t’a valu cet hommage ?

— Arrière ! arrière ! crièrent quelques-uns des plus hardis de la foule, que le voleur n’ose point arrêter le messager de paix ! »

Montréal fit de la main un signe dédaigneux.

« Ce n’est pas à vous que je parle, bons sires, et les dignes frères qui forment votre arrière-garde savent parfaitement que jamais je n’ai insulté héraut ni pèlerin.

Les moines, cessant leur chant, se hâtèrent d’avancer sur les lieux ; et la vérité est que la dévotion de Montréal lui avait toujours gagné la bienveillance des monastères voisins de sa demeure temporaire.

« Mon fils, dit le plus vieux des frères, voici un spectacle étrange et vraiment sacré ; quand tu sauras tout, tu donneras au messager un passe-port, qui lui serve de sauvegarde contre le courage irréfléchi de tes amis, plutôt que d’interrompre sa mission de paix.

— Vous embrouillez encore plus ma pauvre cervelle, fit Montréal impatienté ; que le jouvenceau parle lui-même. Sur son manteau j’aperçois les armes de Rome mêlées à d’autres écartelures, qui sont un mystère pour moi, et pourtant je crois me connaitre à la science du blason, comme il sied à un noble et à un chevalier.

— Seigneur, dit le jeune homme, reconnaissez en moi le messager de Cola de Rienzi, tribun de Rome, chargé de lettres pour bon nombre de barons et de princes sur