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RIENZI.

neur, ou je ne sais quel est son titre, au palais du Capitole, entouré de gardes et de conseillers, et revêtu de la plus belle armure que j’aie jamais vue depuis que j’ai quitté Milan.

— Au diable son armure ! Donne-nous sa réponse.

— Eh bien ! puisque vous y tenez, la voici : Dites à Walter de Montréal que Rome n’est plus une tanière de voleurs ; dites-lui que s’il entre, ce sera pour subir un jugement.

— Un jugement !… s’écria Montréal en grinçant des dents.

— Pour avoir participé aux méfaits de Werner et de ses francs routiers.

— Ha !

— Dites-lui de plus que Rome déclare la guerre à tous les voleurs, sous la tente ou dans la tourelle, et que nous lui enjoignons d’évacuer le territoire de l’Église sous quarante-huit heures.

— Ah ! il ne se contente pas de me tromper, il me menace par-dessus le marché. Bien, continue.

— C’est là tout ce qui vous concerne dans sa réponse ; mais moi, il a daigné m’accorder un avis encore plus obligeant : écoutez, l’ami, m’a-t-il dit, pour tout bandit allemand trouvé à Rome après-demain, notre bienvenue sera la corde et le gibet. Levez le pied.

— Assez ! assez ! s’écria Montréal rougissant de colère et de honte ; Rodolphe, vous qui avez l’œil clairvoyant en ces matières, combien de Normands ça demanderait-il pour faire passer ce gueux de parvenu à ce gibet dont il parle ? »

Rodolphe gratta sa grosse tête et sembla un instant plongé dans de profonds calculs ; il finit par dire : « C’est vous, mon capitaine, qui en serez le meilleur juge, quand je vous dirai que ses forces se composent au moins de vingt mille Romains : voilà ce qu’on m’a dit en passant,