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RIENZI.

laissait prendre à la contagion générale, et que pas un homme ne voulut se montrer étranger à la cause commune ; les plus douteux se sachant les plus remarqués, furent les premiers à s’engager dans ce serment de fidélité au Bon État. Celui qui s’avança d’abord sur la plate-forme pour y prêter serment fut le seigneur de Raselli, le père de Nina. D’autres membres de la petite noblesse suivirent son exemple.

La présence du vicaire du pape entraîna les partisans de l’aristocratie ; la crainte du peuple y poussa les égoïstes ; les acclamations, les félicitations encourageantes y excitèrent les vaniteux. L’intervalle entre Adrien et Rienzi était libre. Le jeune noble sentit tout à coup les yeux du tribun fixés sur lui ; il sentit que ces yeux le reconnaissaient, l’appelaient ; il rougit, sa poitrine était oppressée. La noble abnégation de Rienzi l’avait touché au cœur ; les applaudissements, la pompe, l’enthousiasme de la scène l’enivraient, le troublaient. Il leva les yeux et vit devant lui la sœur du tribun, la dame de son amour ! Son indécision, son hésitation cessèrent, quand Raymond l’observant, et obéissant à un murmure de Rienzi, cria à haute voix : « Place au seigneur Adrien de Castello ! un Colonna ! un Colonna ! » C’était lui couper la retraite. Adrien monta à la plate-forme, machinalement, comme dans un rêve, et, pour compléter le triomphe du tribun, les derniers rayons du soleil voyaient la fleur des Colonna, le meilleur et le plus brave des barons de Rome, reconnaître son autorité et souscrire à ses lois.