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RIENZI.

follement aux dangers de la tyrannie pour demain. Rome veut toujours un libérateur ; un usurpateur, jamais ! Brisez-moi ce hochet ! »

Il se fit une pause ; la multitude était profondément émue, mais elle ne poussa aucun cri d’enthousiasme ; elle cherchait avec anxiété une réponse dans la bouche de ses conseillers et de ses meneurs ordinaires.

« Seigneur, dit Pandolfo de Guido, un des Caporioni, votre réponse est digne de votre réputation. Mais pour donner force à la loi, il faut que Rome vous pourvoie d’un titre légal ; vous refusez celui de roi, daignez accepter celui de dictateur ou de consul.

— Vive le consul Rienzi ! crièrent différentes voix. »

Rienzi, de la main, demanda le silence.

« Pandolfo de Guido, et vous, très-honorés conseillers de Rome, un titre pareil est à la fois trop élevé pour mon mérite et trop peu d’accord avec mes fonctions. Je suis un homme du peuple, le peuple est l’objet de mes soins, les nobles peuvent se protéger eux-mêmes. Dictateur et consul sont des titres de patriciens. Non, poursuivit-il après une courte pause, si vous jugez nécessaire à la conservation de l’ordre de conférer à votre concitoyen un titre formel et un pouvoir reconnu, qu’il en soit ainsi ; mais que l’un et l’autre soient de nature à attester le caractère de nos nouvelles institutions, la sagesse du peuple et la modération de ses chefs. Autrefois, chers compatriotes, les plébéiens élisaient pour protecteurs de leurs droits et pour gardiens de leur liberté certains officiers, responsables devant le peuple, choisis dans les rangs du peuple, dévoués au peuple. Leur pouvoir était grand, mais il leur était délégué ; c’était une dignité, mais de confiance. Ces officiers s’appelaient tribuns. Tel est le titre, décerné non par acclamation, mais en plein parlement du peuple[1] associé à

  1. Gibbon et Sismondi (dont aucun ne semble avoir consulté bien