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RIENZI.

autres occupés à un devoir plus pacifique), jusqu’à ce que pénétrant à l’intérieur, les vastes hauteurs du Capitole apparurent à sa vue. Là, le soleil se couchait lentement au-dessus des têtes d’une immense multitude qui inondait la place, et bien haut sur un échafaud élevé au centre, brillait, sous les rayons du couchant, le grand gonfalon de Rome semé d’étoiles d’argent.

Adrien retint son coursier ; ce n’est guère l’heure, pensa-t-il, de venir entamer une conférence publique avec Rienzi ; pourtant je voudrais bien, en me mêlant à la foule, examiner sur quels appuis son pouvoir est assuré et de quelle manière il prend parmi le peuple. Pendant qu’il se livrait à ces pensées, il se retira dans une des rues plus obscures, alors totalement désertes, remit son cheval à son écuyer, puis, lui empruntant son casque et sa grande houppelande, il passa par une des entrées les moins pratiquées du Capitole, et là, enveloppé de son manteau, il se tint debout dans la foule, curieux de voir ce qui allait se passer.

« Quel est donc, demanda-t-il, à un citoyen simplement vêtu, le motif de cette assemblée ?

— Vous n’avez pas entendu la proclamation ? répliqua l’autre un peu surpris. Vous ne savez pas que le conseil de la cité et les corporations des artisans ont passé un vote pour donner à Rienzi le titre de roi de Rome ? »

Le chevalier de l’empereur, de l’empereur, auquel appartenait cette auguste dignité, recula consterné.

« Et, reprit le citoyen, cette réunion de tous les petits barons, conseillers et artisans, est convoquée pour entendre sa réponse.

— Il ne peut manquer d’accepter.

— Je n’en sais rien, il court d’étranges rumeurs ; jusqu’ici le libérateur a caché ses sentiments. »

À cet instant, une bruyante fanfare de musique guerrière annonça l’approche de Rienzi. La multitude se sé-