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RIENZI.

se demander s’il faut résister ou rendre hommage à cette révolution subite.

— Pour ce qui est de cela, seigneur, j’en jugerai moi-même ; si vous demandez un homme qui agisse en votre nom, c’est autre chose, je vous déclare franchement que j’ai vu assez d’autres États pour savoir que la condition récente de Rome exigeait quelques réformes. Rienzi et Raimond sont-ils à la hauteur de la tâche qu’ils ont entreprise ? Je l’ignore. »

Savelli resta muet. Le vieux Colonna saisit la parole.

« À Palestrina, alors ! Sommes-nous tous d’accord là-dessus ? À tout événement, nous ne serons point divisés. Je ne risque la sûreté de mon parent qu’à cette condition. »

Les barons échangèrent quelques chuchotements, mais l’opportunité de la proposition d’Étienne était évidente ; ils finirent par l’adopter.

Adrien assista à leur départ, puis, accompagné de son seul écuyer, chevaucha lentement vers une autre porte de la ville plus éloignée. En arrivant, on lui demanda son nom, il le donna sans hésiter.

« Entrez, monseigneur, dit le gardien, notre consigne est d’admettre quiconque viendra sans armes et sans escorte. Mais d’ailleurs pour le seigneur Adrien de Castello, seul, nous avons reçu une injonction spéciale de lui rendre les honneurs dus à un citoyen et à un ami. »

Adrien, quelque peu touché de cette attention amicale, se mit à traverser une longue rangée de citoyens en armes, qui le saluèrent respectueusement au passage, et comme il leur rendait le salut avec courtoisie, de vives et flatteuses acclamations suivirent les pas de son cheval.

C’est ainsi que, sans autre escorte que son écuyer, le jeune patricien s’avança à son aise au travers de longues rues vides et désertes (car la moitié presque des habitants étaient assemblés sur les murailles et presque tous les