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RIENZI.

Orsini a tué ce pauvre garçon ? C’est une vilaine action, et puis sa famille compte au nombre de nos clients.

— Qui ? ce garçon-là ? répliqua le cavalier, ôtant le casque de sa tête et essuyant son front trempé de sueur. Que me dites-vous ? Pourquoi est-il venu, alors, avec les bandits de Martino ? Je crains bien que la méprise ne lui ait coûté cher. Je ne pouvais que le mettre au compte de la canaille des Orsini, cela fait que, cela fait que…

— Vous l’avez tué ! cria Rienzi, d’une voix tonnante, en se relevant d’un bond. Justice ! alors, monseigneur Étienne, justice ! vous m’avez promis justice et je veux l’avoir !

— Mon pauvre garçon, dit le vieillard, d’un ton compatissant, contre les Orsini vous auriez obtenu justice ; mais ne voyez-vous pas que ce n’est qu’ici qu’une erreur ? Je ne m’étonne pas que vous soyez trop affligé pour écouter maintenant la voix de la raison. C’est trop naturel. Tenez, voilà de quoi payer des messes pour l’âme du garçon ; je suis bien affligé de l’accident, dit le jeune Colonna, jetant à terre une bourse d’or. Oui, venez nous revoir, au palais, la semaine prochaine, jeune Cola, la semaine prochaine. Mon père, nous ferons bien de retourner au bateau ; notre présence peut être encore nécessaire pour sa sauvegarde.

— C’est vrai, Gianni ; que deux de vous autres demeurent et prennent soin du cadavre du pauvre enfant… Triste accident ! Comment cela a-t-il pu se faire ? »

La noble troupe repassa par la route qu’elle avait prise pour venir ; deux simples soldats restèrent seuls outre le jeune Adrien qui s’arrêta quelques instants en arrière en s’efforçant de consoler Rienzi ; celui-ci, comme privé de ses sens, demeurait immobile, suivant des yeux les derniers pas de l’orgueilleux cortége, et murmurant en lui-même : « Justice, justice ! il faut pourtant que je l’aie. »

Adrien partit, appelé à haute voix par le vieux Co-