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RIENZI.

béiens retombera sur leur propre tête. Quant à Raimond, les vicaires du pape ont une haute autorité spirituelle, mais l’autorité temporelle ne les regarde pas. Qu’il ordonne un jeûne et il sera obéi. Mais, pour ce fou de Rienzi, dites-lui qu’Étienne Colonna l’ira chercher au Capitole demain matin, pour le jeter par la plus haute fenêtre. »

L’envoyé ne manqua pas à bien répéter son message.

Le capitaine des Romains ne fut pas plus courtois dans sa réponse :

« Déclarez à votre seigneur que Rome le tient, lui et les siens, pour rebelles et pour traîtres ; et qu’à l’instant où vous aurez regagné votre escadron, nos archers vont recevoir de nous l’ordre de tirer leurs flèches, au nom du peuple, de la cité et du libérateur. »

Cette menace fut exécutée à la lettre ; et avant que le vieux baron eût eu le temps de ranger ses hommes dans le meilleur ordre, les portes furent ouvertes, et une multitude indisciplinée, mais bien armée, s’en élança comme un torrent, avec de furieuses clameurs, faisant résonner ses armes et portant en avant les bannières azurées de l’État romain. Leur choc fut si désespéré et leur nombre était si grand, que les barons, après une résistance brève et tumultueuse, furent repoussés et pourchassés par leurs vainqueurs jusqu’à un mille des murailles de la cité.

Aussitôt qu’ils se furent remis de leur désordre et de leur effroi, ils tinrent à la hâte un conseil où diverses opinions contradictoires furent mises sur le tapis. Les uns proposaient de partir à l’instant pour Palestrina, qui appartenait aux Colonna et possédait une forteresse presque inaccessible ; les autres de se disperser et d’entrer tout doucement en troupes détachées, par les autres portes. Étienne Colonna, lui-même, à qui son trouble et sa colère avaient fait perdre sa présence d’esprit ordinaire,