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RIENZI.

quiconque serait élu principal magistrat. Elle interdisait tout asile offert aux brigands, mercenaires et voleurs, sous peine d’une amende de mille marcs d’argent, et elle rendait les barons possesseurs des territoires voisins, responsables de la sûreté des routes et du transport des marchandises. Elle mettait sous la protection de l’État la veuve et l’orphelin. Elle instituait dans chaque quartier de la ville une milice armée pour le tintement de la cloche du Capitole, n’importe à quelle heure, réunie pour la défense de l’État. Elle ordonnait de poster un vaisseau, dans chaque port de la côte, pour la sauve-garde du commerce. Elle assignait la somme de cent florins aux héritiers de tout homme mort pour la défense de Rome ; enfin, elle consacrait les revenus publics au service et à la protection de l’État.

Telle était l’esquisse de la nouvelle constitution, à la fois modérée et efficace, et il pourrait être intéressant pour le lecteur de constater combien devaient être graves les désordres antérieurs de la ville, puisqu’il fallut recourir aux principes les plus communs, aux garanties élémentaires de toute civilisation et de sécurité publique et individuelle pour en faire la base du code proposé et les limites d’une révolution populaire.

Les cris d’allégresse les plus chaleureux accueillirent ce plan de la nouvelle constitution, et au milieu des clameurs générales se dressa la forme colossale de Cecco del Vecchio. Malgré son humble condition, c’était un homme fort important dans la crise actuelle ; son zèle et son courage, et peut-être encore plus ses passions brutales et ses préjugés obstinés, l’avaient rendu populaire. La basse classe des artisans le regardait comme son chef et son représentant ; aussi il parlait tout haut, sans crainte, et parlait bien, parce que son esprit était plein de ce qu’il avait à dire.

« Compatriotes et citoyens ! Cette nouvelle constitution