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RIENZI.

ses sanctions l’entreprise de la liberté[1]. Le soleil était levé depuis longtemps, et la foule depuis longtemps aussi assemblée devant la porte de l’église ; elle inondait de ses flots toutes les rues qui y aboutissaient, pendant que la cloche de l’église faisait entendre ses longs et joyeux tintements. Quand elle s’arrêta, les voix des chœurs au dedans entonnèrent l’hymne dont voici le sens, où se mêlaient, d’une manière frappante quoique barbare, l’enthousiasme du patriotisme classique et la ferveur du zèle religieux.

HYMNE DES ROMAINS À LA LIBERTÉ.

Que les montagnes bondissent à l’entour[2], sur le trône des sept collines rajeunies ; Rome antique est encore une fois couronnée !

JUBILATE !

Chantez, vallons ! chantez, ondes sonores ! Levez les yeux du fond de chaque tombe triomphale, ô cendres illustres du brave dont le nom ne périra pas.

JUBILATE !

Pâle fantôme, qu’es-tu ? Voyez, des sombres abîmes du temps, il balaye l’espace comme le vent de la tempête ; sa figure nuageuse, son ombre gigantesque se dresse au milieu des armées, portant le linceul du mort sur ses

  1. En effet, je présume que si jamais la vie de Cola de Rienzi est écrite par une main qui soit à la hauteur de cette tâche, il sera montré qu’un sentiment religieux très-énergique se mêlait à l’enthousiasme politique du peuple : le sentiment religieux d’une réforme prématurée, ébauchée, la mission d’Arnaud de Brescia. Cependant loin d’être dirigé contre les prêtres, ce mouvement était favorisé par eux. Les principaux ordres monastiques se déclarèrent pour la révolution.
  2. « Exultent in circuitu vestro montes, etc. » Que les montagnes d’alentour bondissent ! Ainsi commence la lettre de Rienzi au peuple et au sénat romains, lettre conservée par Hoesemius.