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RIENZI.

agile, mais farouche, de race arabe ; deux écuyers le suivaient, l’un conduisant son cheval de bataille, l’autre portant sa lance et son casque. À la gauche d’Étienne Colonna marchait Adrien, grave, taciturne, et ne répondant que par monosyllabes au joyeux babil du chevalier de Provence. Un nombre considérable des membres les plus distingués de la noblesse romaine suivaient le vieux baron, et le cortége était fermé par une troupe compacte d’étrangers à cheval, armés de toutes pièces.

Il n’y avait point de foule dans la rue ; les citoyens regardaient le cortège avec un air d’indifférence, de leurs boutiques à moitié fermées.

« Ces Romains n’ont donc aucun goût pour les parades ? demanda Montréal ; si l’on pouvait plus facilement les amuser, on les gouvernerait plus facilement.

— Oh ! Rienzi et tous ces bouffons-là suffisent pour les amuser. Nous faisons mieux, nous terrifions, répliqua le vieil Étienne.

— Vous savez la chanson du troubadour ? seigneur Adrien, dit Montréal :

Le sourire, le faux sourire
Est tout l’art de l’ambitieux
Qui veut s’élever jusqu’aux cieux.
Que faut-il de plus pour séduire
Les vaillants soldats et les rois,
Peuples et belles à la fois ?
Le sourire, le faux sourire.

Sourcils froncés sont trop sincères.
Le brave en est tout irrité,
Ils épouvantent la beauté,
Font verser des larmes amères :
L’orgueil lève un front altier
Et le sang coule sous l’acier.
Sourcils froncés sont trop sincères.

— Ce lai est de France, seigneur ; cependant il me