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RIENZI.

et de sanctionner les efforts de l’un et l’approbation de l’autre.

— Une telle querelle ne se fera pas attendre, remarqua Rienzi.

— J’ai foi en votre prédiction, répondit Raimond en souriant ; à présent tout va bien. Revenez-vous avec nous à la maison ?

— Non, je crois meilleur de rester ici jusqu’à ce que la foule soit entièrement dispersée, car s’ils allaient me voir, animés comme ils le sont, ils pourraient s’obstiner à quelque entreprise impétueuse et précipitée. D’ailleurs, monseigneur, ajouta Rienzi, avec un peuple ignorant, bien qu’honnête et enthousiaste, il faut strictement observer la règle : n’usez pas, en vous prodiguant, l’effet de votre présence. Jamais des hommes comme moi, qui n’ont point de rang extérieur, ne doivent apparaître à la foule que dans les occasions où l’esprit leur tient lieu de rang.

— C’est vrai, car vous n’avez point de suite, répliqua Raimond, pensant à ses propres domestiques en grande et belle livrée. Adieu, alors, nous nous reverrons bientôt.

— Oui, à Philippi, monseigneur. Révérend père, votre bénédiction ! »

Quelque temps après cet entretien, Rienzi quittait le saint édifice. Il se tenait sur l’escalier de l’église, maintenant silencieuse et déserte, et l’heure qui précède le court crépuscule du Midi prêtait à cette vue sa magique splendeur. Là, il contemplait les longues arcades du superbe aqueduc, étendues au loin dans le vaste paysage, et encadrées dans les collines reculées, avec leurs reflets de pourpre. Sur le devant, à droite, se dressait la porte qui a emprunté son nom romain au mont Cœlien, dont elle orne encore aujourd’hui la côte. Au delà, du haut des marches, il voyait les villages dispersés dans la grise Campanie, blanchissant sous les rayons échancrés du