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RIENZI.

silence malséant ne fût bientôt remarqué, se hâta de se lever pour y donner la meilleure interprétation possible.

« Mon fils, vous avez parlé en patriote et en chrétien ; au silence approbateur de vos pairs, nous sentons tous qu’ils partagent vos sentiments. Nous n’avons plus qu’à dissoudre cette assemblée dont le but est atteint. Notre plan d’attaque contre les brigands ligués sur la route demande une plus mûre délibération ailleurs. Ce jour fera époque dans notre histoire.

— Vous pouvez être sûr de ça, grogna entre ses dents Cecco del Vecchio.

— Enfants, ma bénédiction sur vous tous ! » dit pour terminer le vicaire en tendant les bras.

Quelques minutes de plus, et la foule se précipitait hors de l’église.

Les différents serviteurs et porteurs de torches se rangèrent sur les degrés extérieurs, chaque escorte s’empressant à veiller à ce que son maître eût le pas ; et les nobles, gravement réunis par petits groupes où il n’y avait aucun mélange de familles rivales, suivirent la multitude en descendant sur les bas côtés. Bientôt recommencèrent le cliquetis, le tapage, les querelles, les jurons des bandes hostiles, lorsqu’avec beaucoup de peine et d’efforts les officiers du vicaire les rangèrent et les remirent dans l’ordre le plus désordonné.

Mais ce que Montréal avait dit à Adrien était si vrai que déjà la populace avait presque oublié le généreux appel du jeune noble, et ne faisait que commenter avec amertume le disgracieux silence des autres seigneurs. D’ailleurs, que lui faisait cette croisade contre les bandits de la route ? Elle blâmait le bon évêque pour n’avoir pas dit hardiment aux nobles : « C’est vous qui êtes les premiers brigands contre lesquels il nous faut marcher ! » Le mécontentement populaire allait bien au delà de ces