Page:Lytton - Rienzi, le dernier des tribuns de Rome, tome 1, 1865.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
RIENZI.

ont coûté assez de sang et de richesses ; quittons ces murs avec une résolution commune de ne faire preuve de courage, de ne déployer notre chevalerie que contre nos ennemis universels, les brigands qui dévastent nos campagnes et infestent nos grands chemins, les ennemis à la fois du peuple que nous devons protéger et du Dieu que nous devons servir ! »

L’évêque reprit sa place ; les nobles se regardaient sans répondre ; les gens du peuple commençaient à murmurer tout haut, lorsqu’après une courte pause, Adrien di Castello se leva :

« Pardonnez-moi, seigneurs, et vous, révérend père, si moi, qui ai si peu d’expérience de la vie et si peu d’importance et de mérite parmi vous, j’ose être le premier à embrasser la proposition que nous venons d’entendre. Je renonce volontiers à tout ancien sujet de querelle avec mes pairs. Heureusement pour moi, ma longue absence de Rome a effacé de ma mémoire les discordes, les rivalités habituelles à ma première jeunesse ; et dans cette noble assemblée je ne vois qu’un homme (lançant un coup d’ail à Martino di Porto, sombre et les yeux fixés à terre) contre lequel, en tout temps, j’ai cru de mon devoir de tirer l’épée ; le gage que j’ai autrefois jeté à ce noble n’a pas encore été, je me réjouis de le croire, accepté par mon adversaire ; je le retire. À l’avenir mes seuls ennemis seront les ennemis de Rome.

— Noblement parlé ! dit tout haut l’évêque.

— Et, continua Adrien, lançant son gant au milieu des nobles, je jette, messeigneurs, le gage ainsi repris au milieu de vous tous, en défi d’une émulation plus glorieuse et sur un plus noble champ. J’invite tout homme à rivaliser avec moi dans le zèle qu’il montrera pour rétablir la tranquillité sur nos grandes routes et le bon ordre dans notre État. C’est une lutte dans laquelle, si je suis vaincu, malgré mes efforts, je céderai le prix sans