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RIENZI.

tendre, et que je ne puisse ressentir une satisfaction sans mélange de cette chaleureuse exhortation, pour la forme ni même, je puis le dire, pour le fond tout entier, néanmoins (appuyant avec beaucoup d’énergie sur ce mot) je ne puis vous laisser partir sans ajouter aux prières du serviteur de notre saint-père celles du représentant spirituel de Sa Sainteté. Il est vrai, le jubilé approche ; le jubilé approche, et pourtant nos routes, jusqu’aux portes de Rome, sont encore infestées de brigands meurtriers et impies. Quels pèlerins peuvent se risquer au travers des Apennins pour faire leurs dévotions aux autels de Saint-Pierre ? Le jubilé approche : quel scandale pour Rome si ces châsses ne voient pas de pèlerins, si les timides reculent, si les braves succombent devant les dangers du voyage. C’est pourquoi je vous prie tous, chefs et citoyens pareillement, je vous prie tous de mettre de côté ces malheureuses discordes qui ont si longtemps consumé les forces de notre sainte cité, et de vous unir tous ensemble par les liens d’une amitié fraternelle, pour former une ligue bénie contre les maraudeurs de grandes routes. Je vois parmi vous, messeigneurs, bon nombre des gloires et des piliers de l’État ; je pense avec une douleur accablante à la haine stérile et sans cause qui vous sépare, c’est un scandale pour notre cité ; et permettez-moi d’ajouter, messeigneurs, qu’il ne fait point honneur à votre foi comme chrétiens, ni à votre dignité comme défenseurs de l’Église. »

Parmi les nobles inférieurs, tout le long des banquettes des juges et des hommes de lettres, courut, à ces mots, un long murmure approbateur. Les hauts barons regardaient avec fierté, mais non avec dédain, la physionomie du prélat et observaient un silence absolu et mystérieux.

« Laissez-moi vous supplier, poursuivit l’évêque, d’enfouir en ce saint lieu ces animosités sans but qui déjà