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RIENZI.

voudrais le relever. J’use de représailles, je serai vengé. Vous avez dans vos propres palais trois traîtres qui vous livreront ; ils s’appellent : Luxure, Envie, Discorde ! »

— Bien touché !

— Ha ! ha ! par la Sainte-Croix, c’est fameux !

— Ma foi ! je risquerais la potence pour leur assener encore un coup de cette force-là.

— N’est-ce pas une honte pour nous, d’être si couards quand un homme tout seul se montre aussi brave ? dit le forgeron.

— C’est l’homme qu’il nous fallait !

— Silence ! cria l’officier. »

« Ô Romains ! reprit Rienzi, d’un ton passionné : éveillez-vous ! Je vous en conjure. Que ce monument de votre première puissance, de vos anciennes libertés, s’imprime profondément dans vos âmes ! Bénie soit l’heure, si vous la saisissez : maudite, si vous la laissez échapper de vos mains ; l’heure où ce souvenir du passé aura été étalé devant vos yeux ! Rappelez-vous que le jubilé approche. »

L’évêque d’Orvieto sourit et fit un signe de tête approbateur ; le peuple, les citoyens, les nobles inférieurs remarquèrent bien ces signes d’encouragement ; et, dans leurs pensées, le pape lui-même, en la personne de son vicaire, regardait de bon œil l’audace de Rienzi.

« Le jubilé approche, les yeux de toute la chrétienté vont se porter sur nous. Ici, où de toutes les parties du globe les hommes viennent chercher la paix, trouveront-ils la discorde ? le pardon ? N’y verront-ils que le crime ? Au centre de l’empire de Dieu, pleureront-ils sur votre faiblesse ? dans le temple des saints martyrs, trembleront-ils au spectacle de vos vices ? À la fontaine, à la source de la loi du Christ, trouveront-ils toute loi inconnue ? Vous étiez la gloire du monde ; serez-vous sa risée ? Vous étiez son modèle, lui servirez-vous de triste leçon ? Levez-vous,