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RIENZI.

de ses fils oubliés, s’il ne peut nous fournir dans ses secrets exhumés un guide pour le présent et l’avenir ! Eh quoi ! seigneurs, avez-vous pensé que c’était pour l’amour de la seule antiquité que nous avons prodigué nos jours et nos nuits à étudier ce que l’antiquité peut nous apprendre ? Vous vous êtes trompés ; savoir ce que nous avons été, ce n’est rien, si ce n’était pas pour apprendre, en même temps, ce que nous devons être. Nos ancêtres ne sont que cendres et poussière, quand ils ne parlent pas à leur postérité ; mais alors leurs voix résonnent, non pas des profondeurs de la terre, sous nos pieds, et c’est plutôt du haut du ciel sur nos têtes.

« Ce qui fait l’éloquence de la mémoire, c’est qu’elle est la nourrice de l’espérance. Ce qui fait le caractère sacré du passé, c’est que les chroniques qu’il conserve, les annales des progrès de l’humanité, sont les marche-pieds de la civilisation, de la liberté, de la science. Nos pères nous défendent de reculer, ils nous enseignent notre légitime héritage, ils nous ordonnent de le réclamer, ils nous ordonnent de l’accroître, en conservant leurs vertus, en évitant leurs erreurs. Voilà les véritables bienfaits du passé ? C’est, comme le saint édifice où nous sommes, un tombeau sur lequel on érige un temple. Je vois que ce long exorde vous étonne ; vous vous regardez, vous vous demandez où je veux en venir ? Contemplez cette large plaque de fer ; elle porte gravée une inscription tout récemment exhumée des monceaux de pierres et de ruines, qui, à la honte de Rome, furent autrefois les palais d’un empire, les arcs de triomphe d’une puissance victorieuse. Cette devise au centre de la table, que vous contemplez, contient l’acte par lequel le sénat romain confère à Vespasien l’autorité Impériale. C’est cette inscription dont je vous ai invité à entendre la lecture. Elle spécifie les termes mêmes et les limites de l’autorité. On confiait aux souverains le pou-