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RIENZI.

Au centre de l’église, des siéges s’élevaient en un amphithéâtre à l’extrémité duquel était une estrade un peu plus haute que le reste ; au-dessous de cette place, mais assez haute pour être en vue de toute l’assemblée, était placée une vaste table de fer, sur laquelle était gravée une antique inscription ; au milieu ressortait une brillante devise qu’on allait actuellement expliquer.

Les siéges étaient couverts d’étoffes et de riches tapisseries. À l’arrière de l’église était tiré un rideau de pourpre. Autour de l’amphithéâtre étaient les officiers de l’église, sous la livrée bigarrée du pape. À droite de l’estrade, siégeait Raimond, évêque d’Orvieto, dans son costume de cérémonie. Sur les banquettes autour de lui siégeaient les personnages de distinction de Rome, les juges, les hommes de lettres, les nobles, depuis la sublime grandeur des Savelli jusqu’au rang inférieur des Raselli. Hors de l’amphithéâtre, l’espace restait comblé de masses de peuple qui faisaient irruption dans l’église, à grands flots ; tout le temps retentissaient les tintements clairs et sonores de la grande cloche de l’église.

Enfin, quand Adrien et Montréal s’assirent non loin de Raimond, la cloche s’arrêta soudain, les murmures du peuple s’apaisèrent, le rideau de pourpre fut tiré, et Rienzi s’avança d’un pas lent et majestueux. Il n’avait pas conservé ce jour-là son costume ordinaire, sombre et simple. Sur sa large poitrine il portait une veste d’une éblouissante blancheur ; une longue robe, amplement taillée comme une toge, descendait à ses pieds et balayait le parquet. Il avait sur la tête un morceau d’étoffe blanche à longs plis, au centre duquel brillait une couronne d’or. Mais la couronne était divisée ou coupée, pour ainsi dire, par un ornement mystérieux, une épée d’argent, qui fixait l’attention universelle, en montrant tout de suite que cet étrange costume n’avait pas été choisi dans un but de vain étalage, mais pour présenter à l’as-