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RIENZI.

ticulière d’Adrien : « Triste, mais fort. » La suite de Martino Orsini était bien plus nombreuse que celle d’Adrien, composée seulement de dix serviteurs. Mais les gens d’Adrien attiraient bien davantage l’admiration de la foule et plaisaient mieux à l’œil expérimenté du chevalier de Saint-Jean. Leurs armes étaient polies comme des miroirs ; leur taille était la même, à un pouce près, leur marche calme et réglée, leur mine fière, ils ne regardaient ni à droite ni à gauche, ils annonçaient cette inexprimable discipline, cet ordre harmonieux qu’Adrien avait appris à faire respecter par ses hommes à l’école de la cour impériale. Au contraire, la suite désordonnée du seigneur de Porto consistait en hommes de toute taille ; leurs armes étaient mal polies, mal façonnées ; ils se pressaient confusément l’un sur l’autre, ils riaient et parlaient bruyamment, leur mine et leur tenue exprimaient toute l’insolence de gens qui dédaignaient également et le maître qu’ils servaient et le peuple qu’ils terrifiaient. Les deux bandes débouchant à l’improviste l’une sur l’autre dans l’étroit défilé, la jalousie des deux maisons éclata sur-le-champ. Chacun poussait en avant pour avoir le pas, et comme la calme régularité de la suite d’Adrien et même son petit nombre compact le fit passer avant les serviteurs de son rival, le peuple poussa une haute acclamation : « Vive les Colonna à jamais ! Que l’ours danse après la colonne !

— En avant, coquins ! cria tout haut Orsini à ses hommes, comment avez-vous enduré cet affront ? Et passant lui-même à la tête de ses gens, il eût avancé jusqu’au milieu du cortège de son rival, si un grand garde, avec la livrée papale, n’eût abaissé son bâton en travers du chemin.

— Pardon, monseigneur, les instructions du vicaire nous commandent expressément d’empêcher tout conflit.