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RIENZI.

aussi tranquillement et sans interruption de provoquer une ambition digne de rivaliser avec l’exécrable célébrité d’un Visconti ou d’un Pepoli. Parlez, monseigneur (se tournant vers Étienne), parlez, noble parent ! Et dites à ce chevalier de Provence que, si un Colonna ne peut rendre à Rome son ancienne splendeur, ce ne sera pas, au moins, un Colonna qui détruira les derniers débris de sa liberté !

— Allons, Adrien ! allons, mon cher parent ! répondit Étienne à cet appel soudain, calme-toi, je t’en prie. Noble sire Walter, il est jeune ; les jeunes gens sont un peu vifs… mais il n’a pas l’intention de vous fâcher.

— J’en suis persuadé, reprit Montréal froidement, mais avec beaucoup de courtoisie et d’empire sur lui-même. Il parle sous l’impulsion du moment… c’est un heureux défaut de la jeunesse. Je l’avais à son âge et ma vivacité a failli plus d’une fois me coûter la vie. Allons, seigneur, allons ! ne touchez point votre épée d’une manière aussi significative, comme si vous vous imaginiez que je vous ai fait là une menace ; loin de moi une telle présomption ! J’ai appris, croyez-moi, dans les guerres, assez de prudence pour ne point provoquer grossièrement contre moi une lame que j’ai vu manier si bravement. »

Touché, malgré lui, de la courtoisie du chevalier et de son allusion à une scène où peut-être sa vie avait été sauvée par Montréal, Adrien lui tendit la main.

« J’ai eu tort de me montrer si vif, dit-il franchement, mais que mon ardeur même vous apprenne, ajouta-t-il plus gravement, que votre projet ne trouvera point d’amis parmi les Colonna. Non, en présence de mon noble parent, j’ose dire que même si sa noble sanction pouvait se prêter à un tel dessein, les meilleurs cours de sa famille l’abandonneraient : moi-même, son parent, j’armerais ce