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RIENZI.

termes c’est la faute du capitaine de mercenaires s’il ne change pas les brigands en sénateurs et lui-même en roi. Ce sont là des événements si naturels qu’un jour ou l’autre on ne verra que cela d’un bout à l’autre de l’Italie. Et alors toute l’Italie deviendra monarchique. Eh bien ! c’est, il me semble, l’intérêt de toutes les familles puissantes, de la vôtre à Rome, comme des Visconti à Milan, de hâter cette époque et d’arrêter, tandis que vous le pouvez encore aisément, cette contagion de révolte qui, aujourd’hui, se répand si vite dans le peuple, et finit pour eux par une fièvre de désordres, pour vous par une ruine mortelle. Dans ces États libres, les nobles sont les premières victimes ; on commence par vous confisquer vos priviléges, puis après vos propriétés. Ainsi, à Florence, vous le savez, seigneurs, pas un noble n’est même reconnu capable d’occuper la moindre charge dans les offices de l’État !

— Scélérats ! s’écrie Colonna, ils violent la première loi de nature !

— En ce moment, reprit Montréal, qui, tout entier à son sujet, ne faisait guère attention aux interruptions qu’il recevait de la sainte colère du baron, en ce moment il y a bien des gens, les plus sages peut-être, dans les États libres, qui désirent renouveler les vieilles ligues lombardes, pour défendre partout leur commune liberté et résister à quiconque aspirerait à se faire prince. Heureusement les jalousies mortelles de ces États marchands…, toutes jalousies basses et plébéiennes, jalousies de commerce plutôt que de gloire, opposent actuellement à ce dessein un obstacle insurmontable, et Florence, l’État le plus remuant et le plus estimé, est heureusement réduite par des revers de commerce à être absolument incapable de poursuivre une si grande entreprise. Maintenant donc il est temps pour nous, seigneurs ; tandis que nos ennemis sont encore arrêtés par de tels obstacles, il est temps