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RIENZI.

nant vers sa chambrière, vite ! l’échelle de corde ! c’est lui ! il est venu ! Ah ! que vous êtes lente ! Allons donc, ma fille, on pourrait le découvrir ! Là ! Ô joie ! Ô bonheur ! Mon bien-aimé ! Mon héros ! mon Rienzi !

— Vous voilà donc ! s’écria Rienzi, lorsque entré maintenant dans la chambre, il enlaçait ses bras autour de la taille de Nina, détournée à demi ; et ce qui est la nuit pour les autres est le jour pour moi ! »

Ces premiers instants de bienvenue si doux une fois passés, Rienzi était assis aux pieds de sa maîtresse ; il reposait sa tête sur les genoux de Nina ; leurs regards s’entre-croisaient, leurs mains étaient serrées l’une dans l’autre.

« Et c’est pour moi que tu braves tous ces dangers, disait l’amant, la honte d’être découverte, le courroux de tes parents !

— Ah ! que sont mes périls auprès des tiens ! Ô ciel ! si mon père te trouvait ici, ce serait ta mort.

— En effet, il en ressentirait une si grande humiliation ! Toi, belle Nina, qui pourrais t’allier aux noms les plus pompeux de Rome, gaspiller les trésors de ton amour sur un plébéien, quoique ce plébéien soit le petit-fils d’un empereur ! »

Le cœur de la fière Nina sympathisait profondément avec l’orgueil blessé de son amant ; elle sentait la douloureuse rancune cachée sous sa réplique, prononcée cependant d’un ton insouciant.

« Ne m’as-tu pas parlé, dit-elle, de ce grand Marius, qui n’était pas noble, mais dont le premier des Colonna se réjouirait de revendiquer sa descendance ? Et ne vois-je pas en toi un homme qui éclipsera la grandeur de Marius en la gardant pure de ses vices ?

— Délicieuse flatterie ! Doux prophète ! soupira Rienzi avec un mélancolique sourire ; jamais tes encourageantes promesses de l’avenir ne m’ont été mieux venues qu’au-