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LIVRE II.

CHAPITRE PREMIER.

Une maison mal famée à Pompéi, et les héros de l’arène classique.

Transportons-nous maintenant dans un de ces quartiers de Pompéi, qui n’étaient pas habités par les maîtres du plaisir, mais par ses élus et par ses victimes, dans l’antre des gladiateurs et des lutteurs à gages, des vicieux et des misérables, des vagabonds et des débauchés, dans l’Alsace d’une ville antique[1].

C’était une large salle qui s’ouvrait sur une allée étroite et populeuse. Devant le seuil se tenait un groupe d’hommes, dont les muscles de fer bien formés, les cous herculéens et courts, les physionomies audacieuses et impudentes, indiquaient les champions de l’arène. Sur une tablette, en dehors de la boutique, on voyait rangées des cruches de vin et d’huile, et au-dessus, sur le mur, une grossière peinture représentait des gladiateurs buvant : tant est ancienne la mode des enseignes ! Des espèces de petites loges, comme on en voit de nos jours, formées de tables séparées, occupaient l’intérieur de la salle. Autour de ces tables étaient assis des groupes d’hommes dont les uns buvaient, les autres jouaient aux dés, et d’autres à un jeu plus savant appelé scriptæ duodecim, que quelques-uns de nos savants mal renseignés ont commis l’erreur de prendre pour le jeu des échecs, quoiqu’il ressemblât bien davantage au trictrac, et qu’on s’y servît de dés quelquefois, mais non pas toujours.

Le jeu n’était pas encore très-avancé, et rien ne faisait mieux connaître l’indolence de ces habitués de tavernes, que cette

  1. Allusion au roman de Nigel.