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LES DERNIERS JOURS

était encore plus richement et plus soigneusement décorée que les autres ; le plafond cintré était magnifiquement sculpté et peint ; les fenêtres placées en haut, en verre dépoli, n’admettaient que des rayons vagues et incertains ; au-dessous des massives corniches, se suivaient des figures en bas-relief vigoureusement accusées ; les murs étaient d’un rouge cramoisi ; le pavé, carrelé avec art, se composait de mosaïque blanche. Là, les habitués, qui se baignaient sept fois par jour, demeuraient dans un état de lassitude énervée et silencieuse, soit avant, soit après le bain ; quelques-unes des victimes de cette poursuite acharnée de la santé tournaient des yeux languissants vers les nouveaux venus, et ne faisaient qu’un signe de tête à leurs connaissances, par crainte de la fatigue de la conversation.

De ce lieu, la compagnie se dispersait de nouveau, et chacun écoutait son caprice : les uns allaient au sudatorium, qui faisait l’office de nos bains de vapeur, et de là au bain chaud lui-même ; les autres, plus accoutumés à l’exercice, et voulant s’épargner de la fatigue, se rendaient immédiatement au calidarium ou bain d’eau.

Afin de compléter cette esquisse et de donner au lecteur une notion de cette volupté si chérie des anciens Romains, nous accompagnerons Lépidus, qui passait régulièrement par tous les degrés de la cérémonie, à l’exception du bain froid, hors de mode depuis quelque temps. Après s’être imprégné peu à peu de la douce chaleur du tepidarium, l’élégant de Pompéi se fit conduire lentement dans le sudatorium. Que le lecteur ici se dépeigne à lui-même toutes les phases d’un bain de vapeur, accompagné de parfums. Dès que notre baigneur eut subi cette opération, il se remit dans la main de ses esclaves, qui l’accompagnaienttoujours au bain, et les gouttes de sueur furent enlevées avec une espèce de grattoir, qu’un moderne voyageur a prétendu n’être bon que pour ôter les malpropretés de la peau, quoiqu’il ne dût guère en exister chez un baigneur d’habitude. De là, un peu refroidi, il passa dans le bain d’eau, où l’on répandit à profusion sur lui de frais parfums, et, quand il en sortit par la porte opposée de la pièce, une pluie rafraîchissante inonda satête et son corps. Alors, se revêtant d’une robe légère, il retourna au tepidarium, où il trouva Glaucus, qui n’était pas allé jusqu’au sudatorium ; et le véritable plaisir, ou plutôt l’extravagance du bain commença. Les esclaves, ayant à la main des fioles d’or, d’albâtre ou de cristal, ornées de