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DE POMPÉI

ne possédait pas les nombreuses et spacieuses fenêtres que Vitruve attribue à son plus magnifique frigidarium. Les Pompéiens, comme les Italiens du Midi, aimaient à se soustraire au lumineux éclat de leurs cieux enflammés, et associaient volontiers l’ombre et la volupté. Deux fenêtres de verre[1] admettaient seules des rayons doux et voilés, et la façade dans laquelle l’une de ces fenêtres était placée, s’embellissait d’un large bas-relief qui représentait la destruction des Titans.

Fulvius s’assit dans cet appartement d’un air magistral, et ses auditeurs rassemblés autour de lui l’engagèrent à commencer sa lecture.

Le poëte ne demandait pas des sollicitations très-vives. Il tira de sa ceinture un rouleau de papyrus, et, après avoir toussé deux ou trois fois, tant pour imposer silence que pour éclaircir sa voix, il déclama cette ode merveilleuse, dont, à son grand regret, l’auteur de cette histoire n’a pu retrouver un seul vers.

Aux applaudissements qu’elle reçut, on peut croire qu’elle était digne de la réputation du poëte. Glaucus fut le seul des auditeurs à ne pas reconnaître qu’elle surpassait les meilleures odes d’Horace.

Le poëme achevé, ceux qui prenaient seulement un bain froid commencèrent à se déshabiller ; ils suspendirent leurs vêtements à des crochets posés dans le mur, et, après avoir reçu, selon leur condition, de la main de leurs esclaves, ou de celle des esclaves appartenant aux thermes, des robes flottantes, ils passèrent dans cette gracieuse enceinte, qui existe encore, comme pour faire rougir leur postérité méridionale qu’on ne voit jamais se baigner.

Les plus voluptueux se rendaient, par une autre porte, dans le tepidarium, salle qui était élevée à une douce chaleur, en partie au moyen d’un foyer mobile, mais surtout par un pavé suspendu au-dessous duquel était conduit le calorique du laconicum.

Les baigneurs de cette classe, après avoir quitté leurs vêtements, demeuraient quelque temps à jouir de la chaleur artificielle d’une atmosphère délicieuse ; et cette pièce, à cause de son rang important dans la longue série des ablutions,

  1. Les fouilles faites à Pompéi ont démontré l’erreur longtemps en crédit chez les antiquaires, à savoir que les vitrages étaient inconnus aux Romains. L’usage, il est vrai, n’en était pas commun parmi les classes moyennes et inférieures dans leurs habitations.