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DE POMPÉI

vous ne désirerque ma gloire et mon bonheur, Expliquez-vous.

— Votre ami, oh ! oui, je le suis sincèrement. Puis-je donc parler en qualité d’ami, sans réserve et sans crainte de vous offenser ?

— Je vous en prie.

— Ce jeune débauché, ce Glaucus, depuis combien de temps le connaissez-vous ? L’avez-vous vu souvent ? »

Arbacès, en prononçant ces paroles, attacha son regard sur Ione, comme s’il voulait pénétrer au fond de son cœur,

Se rejetant en arrière, sous la fixité de ce regard, avec une étrange peur dont-elle ne pouvait se rendre compte, la belle Napolitaine répondit avec une confuse hésitation :

« Il a été conduit chez moi par un des compatriotes de mon père, et je puis dire, par un des miens. Je ne le connais que depuis une semaine ; mais pourquoi ces questions ?

— Pardonnez-moi, dit Arbacès ; je croyais que vous le connaissiezdepuis plus longtemps, ce vil calomniateur !

— Comment ! quesignifie cela ? quels termes !.,.

— N’importe. Je ne veux pas soulever votre indignation contre un homme qui ne mérite pas un tel honneur,

— Je vous supplie de parler. Que peut avoir dit Glaucus ? Ou plutôt, en quoi supposez-vous qu’il ait pu m’offenser ? »

Retenant le dépit que lui causèrent les dernières paroles d’Ione, Arbacès continua :

« Vous connaissez ses mœurs, ses compagnons, ses habitudes ; la table et le jeu, voilà ses seules occupations ; et dans la société du vice comment pourrait-il apprécier la vertu ?

— Vous parlez toujours par énigmes. Au nom des dieux, je vous adjure, dites tout ce que vous savez.

— Eh bien, qu’il en soit ainsi. Apprenez, Ione, que ce Glaucus lui-même se vantait ouvertement, oui, dans les bains publics, de votre amour pour lui. Il s’amusait, disait-il, des progrès qu’il faisait sur votre cœur. Je dois lui rendre justice, il louait votre beauté : qui pourrait la nier ? Mais il riait dédaigneusement lorsque son Claudius ou son Lépidus lui demandait s’il vous aimait assez pour songer à vous épouser, et si l’on suspendrait bientôt des guirlandes à sa porte.

— C’est impossible. Où avez-vous recueilli cette calomnie infâme ?

— Voudriez-vous que je vous rapportasse tous les commentaires des fats insolents qui ont répandu cette histoire dans