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LES DERNIERS JOURS

tié nue ; une robe blanche et aux larges plis enveloppait le reste de leur corps. En même temps, un prêtre placé au bas des marches commença un air solennel sur un long instrument à vent. À la moitié des degrés se trouvait un autre flamme, tenant d’une main la couronne votive, et de l’autre une baguette blanche ; pour ajouter à l’effet pittoresque de cette cérémonie orientale, l’imposant ibis (oiseau sacré du culte égyptien) regardait du haut des murs le rite s’accomplir, ou se promenait au pied de l’autel.

Le flamine sacrificateur s’avança[1].

Le calme absolu d’Arbacès sembla se démentir. Lorsque les aruspices inspectèrent les entrailles des victimes, il parut éprouver une pieuse anxiété, et se réjouir lorsque les signes furent déclarés favorables, et que le feu commença à briller et à consumer les parties consacrées des victimes au milieu de la myrrhe et de l’encens ; un profond silence succéda alors aux chuchotements de l’assemblée. Les sacrificateurs se réunirent autour de la Cella, et un autre prêtre, nu sauf une ceinture qui lui entourait les reins, s’élança en dansant, et implora avec des gestes étranges une réponse de la déesse. Il tomba enfin d’épuisement ; la statue sembla s’agiter intérieurement, on entendit un lent murmure ; sa tête se baissa trois fois, ses lèvres s’ouvrirent, et une voix caverneuse prononça ces paroles mystérieuses :


On voit comme un coursier venir la vague énorme,
Et souvent en tombeau le rocher se transforme.
Nos fortunes, nos jouis, sont dans la main du sort ;
Mais vos légers vaisseaux naviguent vers le port.


La voix cessa de se faire entendre, la foule respira plus librement, les marchands se regardèrent les uns les autres.

« Rien de plus clair, s’écria Diomède : l’oracle annonce une tempête, comme il y en a souvent au commencement de l’automne ; mais nos vaisseaux seront sauvés. Ô bienfaisante Isis !

Honneur éternel à la déesse ! dirent les marchands. Sa prédiction cette fois n’est pas équivoque. »

Élevant la main pour imposer silence aux assistants, car les rites d’Isis enjoignaient un mutisme presque impossible à obtenir des Pompéiens, le grand prêtre répandit sa libation sur l’autel, et après une courte prière, la cérémonie étant terminée,

  1. On voit dans le musée de Naples une singulière peinture représentant un sacrifice égyptien.