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DE POMPÉI

Cypre sortant de son bain, laquelle n’était qu’Isis elle-même sous un déguisement grec, Anubis à la tête de chien, et une foule d’idoles égyptiennes de formes grotesques et de noms inconnus.

Mais nous supposerions à tort que dans les villes de la grande Grèce, Isis fût adorée avec les formes et les cérémonies qui appartenaient à son culte. Les nations modernes et mélangées du Sud, non moins arrogantes qu’ignorantes, confondaient les cultes de tous les climats et de tous les siècles, et les profonds mystères du Nilse trouvaient défigurés par cent frivoles et illégitimes mélanges des croyances de Céphise et de Tibur. Le temple d’Isis à Pompéi était desservi par des prêtres romains et grecs, également étrangers au langage et aux coutumes des anciens adorateurs de la déesse, et le descendant des puissants rois d’Égypte riait en secret et avec mépris des mesquines momeries qui essayaient d’imiter le culte solennel et typique de son brûlant climat.

« Eh quoi, murmura Arbacès à l’un des assistants, marchand engagé dans le commerce d’Alexandrie, commerce qui avait peut-être introduit à Pompéi le culte de la déesse ; quelle circonstance vous rassemble devant les autels de la vénérable Isis ?On dirait, aux robes blanches du groupe que voilà, qu’un sacrifice se prépare ; et, àcette assemblée des prêtres, que des oracles vont être rendus. À quelle question doit répondre la déesse ?

— Nous sommes des marchands en effet, répondit du même ton l’assistant (qui n’était autre que Diomède) ; nous désirons connaître le sort de nos vaisseaux, qui partent demain pour Alexandrie. Nous venons offrir un sacrifice à la déesse, et implorer sa réponse. Je ne suis pas un de ceux qui ont demandé le sacrifice, comme vous pouvez en juger par mon costume, mais j’ai quelque intérêt au succès de la flotte ; oui, par Jupiter, j’ai ma petite cargaison ; sans cela, comment vivrait-on dans ces temps si durs ? »

L’Égyptien répliqua gravement que, si Isis était la déesse de l’agriculture, elle n’en était pas moins la patronne du commerce ; puis tournant la tête vers l’est, Arbacès sembla absorbé dans une prière silencieuse.

Aucentre des degrés apparutun prêtre, vêtu de blanc depuis la tête jusqu’aux pieds, son voile surmontant sa couronne ; deux nouveaux prêtres vinrent relever ceux que nous avons déjà vus placés aux deux extrémités ; leur poitrine était à moi-