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LES DERNIERS JOURS

des sacrifices ; dans ses salles le coffret où s’enfermaient les trésors ; dans ses bains le strigil ; dans ses théâtres les billets d’admission ; dans ses salons les meubles et les lampes ; dans ses triclinia les restes des derniers festins, dans ses cubicula les parfums et le fard de ses beautés disparues ; enfin partout avec les ossements et les squelettes de ceux qui faisaient mouvoir les ressorts de cette voluptueuse et splendide civilisation en miniature.

Dans la maison de Diomède, sous les voûtes souterraines, on découvrit vingt squelettes (entre autres celui d’un enfant) au même endroit, près de la porte, recouverts d’une fine cendre dont la poussière avait évidemment, pénétré d’une façon lente par les ouvertures, jusqu’à ce qu’elle eût rempli tout l’espace. Là, se trouvaient des bijoux, des pièces de monnaie, des candélabres pour faire briller une lumière inutile et du vin durci dans les amphores, pour la prolongation d’une vie agonisante. Le sable, devenu solide par l’humidité, avait pris la forme des squelettes comme dans un moule ; et le voyageur peut encore voir l’impression du corps et du buste bien proportionné, d’une jeune femme aux gracieux contours : c’est tout ce qui reste de la belle Julia. Il semble à l’étranger qui visite ces lieux que l’air se changea par degrés en vapeur sulfureuse ; que les habitants des caveaux se précipitèrent vers la porte ; qu’ils la trouvèrent fermée et bloquée par les scories du dehors, et qu’en s’efforçant de l’ouvrir, ils ont été suffoqués par la chaleur de l’atmosphère.

On rencontra dans le jardin un squelette dont la main décharnée tenait encore une clef, et à côté de lui se trouvait un sac d’argent. On présume que c’était le maître de la maison, l’infortuné Diomède, qui avait probablement essayé de fuir par le jardin, et avait été asphyxié par les vapeurs, ou atteint par quelque fragment de pierre. Des vases d’argent reposaient à côté d’un autre squelette, probablement celui d’un esclave.

Les maisons de Salluste et de Pansa, le temple d’Isis avec ses cachettes derrière les statues menteuses d’où partaient les oracles sacrés, sont maintenant exposés au regard des curieux. On trouva dans une des chambres de ce temple un grand squelette avec une hache à côté de lui ; deux murs avaient été percés avec la hache ; la victime ne put pénétrer plus loin. Au milieu de la cité, on découvrit un autre squelette près duquel étaient plusieurs pièces de monnaie, et quelques ornements mystiques du temple d’Isis. La mort avait surpris le prêtre impie