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LES DERNIERS JOURS

embrassement… que tes victimes ne traversent pas le Styx fatal… qu’il en soit ainsi ! Je ne voudrais pas le rencontrer chez les ombres, car je le rencontrerais avec elle… Le repos, le repos, le repos, il n’est pas d’autre Élysée pour un cœur comme le mien. »

Un matelot, assoupi sur le pont, entendit un léger bruit dans les eaux. Il ouvrit à moitié les yeux, et derrière la barque, pendant qu’elle bondissait joyeusement, il crut voir quelque chose de blanc flotter sur les vagues ; mais la vision s’évanouit aussitôt. Il se retourna, s’endormit, et rêva de sa maison et de ses enfants.

Lorsque les amants se réveillèrent, leur première pensée fut pour eux-mêmes, et la seconde pour Nydia. On ne la trouvait pas. Personne ne l’avait vue depuis la nuit. On la chercha dans tous les recoins de la barque ; aucune trace de la jeune aveugle ! Mystérieuse depuis sa naissance jusqu’à sa mort, la Thessalienne avait disparu du monde des vivants. On pressentit en silence son sort ; et Glaucus et Ione, plus étroitement serrés (en sentant qu’ils étaient l’un pour l’autre tout dans le monde), oublièrent leur délivrance, et pleurèrent Nydia comme on pleure une sœur.


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CHAPITRE XI.

Dans lequel tout finit.


LETTRE DE GLAUCUS A SALLUSTE, DIX ANS APRÈS
LA DESTRUCTION DE POMPÉI.


« Athènes.
« Glaucus à son cher Salluste, salut et santé.

« Vous me demandez d’aller vous faire visite à Rome. Non, Salluste, venez plutôt me voir à Athènes. J’ai quitté pour toujours la cité impériale, son immense tumulte et ses profanes plaisirs. J’habite à jamais mon propre pays. Le souvenir de notre grandeur déchue m’est plus cher que toutes les joies bruyantes de votre prospérité ! Il y a pour moi un charme que rien ne peut surpasser dans nos portiques peuplés et ombra-