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LES DERNIERS JOURS

Les Nazaréens passèrent lentement ; leurs torches vacillaient dans la tempête ; leurs voix jetaient des menaces et des avertissements solennels. Ils disparurent enfin dans les détours des rues : la nuit et le silence reprirent possession du temple.

Pendant une des interruptions assez fréquentes de l’éruption, Glaucus encouragea Ione à continuer leur chemin. Comme ils se tenaient, en hésitant, sur la dernière marche du portique, un vieillard, portant un sac à sa main droite et s’appuyant sur un jeune homme, passa devant eux. Le jeune homme portait une torche. Glaucus les reconnut tous les deux : c’étaient un père avare et un fils prodigue.

« Mon père, dit le jeune homme, si vous ne marchez pas plus vite, je serai forcé de vous quitter, ou nous périrons tous les deux.

— Fuis donc, mon fils, et laisse là ton père.

— Mais je ne puis pas fuir pour mourir de faim : donnezmoi votre sac plein d’or. »

Et le jeune homme essaya de le lui arracher.

« Misérable ! voudrais-tu voler ton père ?

— Oui ! qui me dénoncera dans un tel jour ? Avare, péris ! » Le jeune homme renversa le vieillard sur le sol, s’empara du sac, que lui disputait mal une main sans vigueur, et s’enfuit poussant une espèce de rugissement sauvage.

« Grands dieux ! s’écriaGlaucus, êtes-vousdoncaussiaveuglés par ces ténèbres ? De tels crimes peuvent faire confondre l’innocent et le coupable dans une commune ruine. Ione, partons, partons. »


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CHAPITRE VIII.

Arbacès rencontre Ione et Glaucus.


S’avançant comme des prisonniers qui s’échappent d’un cachot, Ione et son amant continuèrent leur route incertaine.Ce n’était que lorsque les éclairs volcaniques jetaient leur long sillon sur les rues, qu’il leur était possible de diriger leurs pas à cette effrayante clarté ; le spectacle qui les entourait n’était guère propre à les encourager. Partout où les cendres