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LES DERNIERS JOURS

Qu’enferme la même ceinture ;
À la belle Aglaé qui conduit ses deux sœurs.
Ne nous oubliez pas, ô mortels, dans vos fêtes,
Nous qui veillons sur vous, en chœur, du haut des cieux.
Ne comptez pas les dons que vous nous faites ;
Celui qui boit le plus nous honore le mieux.
Saisissez, saisissez les Heures au passage,
Plongez-les dans la vin : elles reparaîtront,
Avec un plus joyeux visage,
Comme vous, la guirlande et la rosée au front.
Nous avons soif : que Bacchus nous apaise,
Comme Hylas fut jadis des Nymphes emporté,
Nous voulons entraîner le seul dieu qui nous plaise
Dans la nuit avec nous en chantant sa beauté.


Les convives applaudirent avec enthousiasme : quand le poëte est l’amphitryon, ses vers obtiennent toujours un grand succès.

« C’est du greo pur, dit Lépidus ; la hardiesse, la force et l’énergie de cette langue ne sauraient être imitées par la poésie latine.

— Impossible de contester, dit Claudius avec une intention ironique au fond, mais cachée en apparence, que ces vers ne contrastent singulièrement avec la simplicité de l’ode d’Horace que nous avons entendue d’abord ; simplicité passée de mode. La mélodie est du goût ionien le plus pur. Ce mot me rappelle une santé que je veux porter. Compagnons, je bois à la belle Ione.

— Ione, le nom est grec, dit Glaucus d’une voix douce, j’accepte cette santé avec plaisir. Mais quelle est cette Ione ?

— Ah ! vous ne faites que d’arriver à Pompéi, sans quoi vous mériteriez l’ostracisme pour votre ignorance, dit Lépidus avec importance ; ne pasconnaître Ione, c’est ignorer les plus charmants attraits de notre cité.

— Elle est de la plus rare beauté, ajouta pansa ; et quelle voix !

— Elle ne doit se nourrir que de langues de rossignols, dit Claudius.

— De langues de rossignols… parfait, parfait, s’écria l’ombre.

— Renseignez-moi davantage, je vous prie, dit Glaucus.

— Sachez donc, commença Lépidus…