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LES DERNIERS JOURS

découvert. Cela eût-il été possible, il n’était plus maître de sa terreur. Mieux valait demeurer dans la cellule, à l’abri au moins des accidents de l’air. Il s’assit et serra les dents. Par degrés, l’atmosphère du dehors, étouffante et pestilentielle, pénétrait jusque dans la chambre ; il n’y pouvait plus résister. Ses yeux qu’il roulait autour de lui aperçurent une hache de sacrifice, que quelque prêtre avait laissée dans la chambre ; il s’en empara ; avec la force désespérée de son bras gigantesque, il essaya de se faire un passage à travers les murs.

Pendant ce temps-là, les rues étaient devenues solitaires ; chacun avait cherché un asile, un abri ; les cendres commençaient à remplir les plus basses parties de la cité. Çà et là, pourtant, on entendait les pas de quelques fugitifs, se hâtant avec précaution ; on voyait leurs figures pâles et hagardes, à la lueur bleue des éclairs, ou bien à celle des torches, au moyen desquelles ils s’efforçaient d’assurer leur marche. Mais de moment en moment, l’eau bouillante ou les cendres qui descendaient, ou quelque vent orageux et mystérieux s’élevait et mourait tout à coup, éteignant ces lumières errantes, et avec elles l’espérance de ceux qui les portaient.

Dans la rue qui conduit à la porte d’Herculanum, Claudius cherchait avec perplexité son chemin.

« Si je puis gagner les champs, se disait-il, je trouverai sans doute quelque voiture, et Herculanum n’est pas loin. Grâce à Mercure ! j’ai peu de chose à perdre, et ce peu, je le porte avec moi.

— Holà !… à l’aide ! à l’aide !… cria une voix effrayée et plaintive ; je suis tombé !… Ma torche est éteinte… Mes esclaves m’ont abandonné… Je suis Diomède… le riche Diomède !… Mille sesterces pour celui qui viendra à mon secours ! »

Au même moment Claudius se sentit saisir par le pied.

« Ah ! secourez-moi !… donnez-moi votre main !

— La voici… Levez-vous.

— C’est Claudius… Je reconnais sa voix… Où allez-vous ?

— À Herculanum.

— Les dieux soient loués ! notre chemin est le même jusqu’à la porte de la ville. Pourquoi ne pas vous réfugier à une maison de campagne ? Vous connaissez la longue rangée de mes celliers souterrains, sous les fondations de ma maison ; c’est un asile où cette pluie ne peut pénétrer.

— Vous avez raison, dit Claudius, pensif ; et pour peu