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DE POMPÉI

feu. Ah ! quels cris perçants !… Burbo, tout est redevenu silencieux ; regarde au dehors. »

Parmi les autres horreurs de cette heure terrible, la montagne venait de lancer des colonnes d’eau bouillante, mêlée et pétrie avec les cendres chaudes ; ces torrents tombaient par fréquents intervalles dans les rues, comme une boue enflammée. À l’endroit même où les prêtres d’Isis s’étaient rassemblés autour des autels, où ils avaient vainement essayé d’allumer les feux sacrés et de brûler leur encens, le plus impétueux de ces torrents, accru d’énormes masses de scories, venait de précipiter son cours furieux. Il avait passé sur les prêtres agenouillés ; leurs cris avaient été lescris de la mort… Le silence qui leur avait succédé était le silence de l’éternité ! Les cendres, le noir torrent, avaient envahi les autels, couvert le pavé de l’enceinte, et enseveli à moitié les corps frémissants des prêtres.

« Ils sont morts, dit Burbo, terrifié pour la première fois, et se rejetant au fond de la chambre… Je ne pensais pas que le danger fût si grand et si fatal. »

Les deux misérables se regardèrent l’un et l’autre… On aurait entendu battre leurs cœurs. Calénus, le moins courageux de sa nature, mais le plus avare, se remit le premier. « Agissons sur-le-champ et fuyons, » dit-il à demi-voix, effrayé lui-même du son de ses paroles. Il mit le pied sur le seuil, s’arrêta, passa sur le pavé brûlant et sur le corps de ses frères, et se dirigea vers la chapelle sacrée, en disant à Burbo de le suivre. Mais le gladiateur frissonna et recula.

« Tant mieux ! pensa Calénus, ma part sera double. » Il se chargea aussi promptement qu’il le put des trésors du temple, les plus faciles à emporter ; et, sans songer davantage à son compagnon, s’élança hors de l’enceinte sacrée. Un grand éclair, lancé soudain par la montagne, montra à Burbo, resté immobile sur le seuil, le prêtre qui s’enfuyait avec son fardeau. Il prit courage ; il s’avança pourle rejoindre, lorsqu’une pluieépouvantable de cendres tomba à ses pieds. Le gladiateur se sentit défaillir encore. L’obscurité l’environna, mais la pluie continuait à tomber avec violence… amoncelant des amas de cendres et exhalant des vapeurs suffocantes et mortelles… Le malheureux ne pouvait plus respirer. Désespéré, il essaya de fuir… Les cendres le bloquaient sur le seuil… Il poussait des cris en sentant la lave bouillante monter sur ses pieds. Comment se sauver ? Il ne pouvait pas gravir jusqu’à l’espace