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DE POMPÉI


HYMNE DU SOIR POUR LES HEURES.

I

Nous avons couru, pendant un long jour,
Nous, les rapides Heures ;
Avant que la nuit nous pousse à son tour
Vers ses sombres demeures,
Saluez-nous en ce séjour
D’un chant de joie et d’amour !
Ainsi la princesse de Crète,
Lorsque s’enfuit son séducteur,
D’un lierre environnant sa tête
Eut Bacchus pour consolateur.
Leurs paupières demi-fermées,
Se détournaient des cieux étincelants.
Sous le souffle léger des brises parfumées,
Les vagues à leurs pieds roulaient des flots plus lents.
Ariane, un lynx auprès d’elle,
Souriait à Bacchus, le front tout rougissant ;
Le dieu, qui la trouvait plus belle,
L’entourait d’un bras caressant.
Le faune indiscret et peu sage,
Le faune entr’ouvrait le feuillage,
Pour voir ce tableau ravissant.

II

Pauvres Heures déjà lassées,
Nous qui devons voler toujours,
Pendant la nuit encor pressées,
Pénible sera notre cours.
Humectez notre aile légère
Dans votre coupe où la lumière
Unit sa pourpre à la pourpre du vin.
Quand le soleil quitte la terre
On le retrouve en ce nectar divin.
Au fond d’une coupe remplie
Le soleil aime à s’endormir,
Pareil au fils de Thessalie[1],
Se mirant dans la source et s’y laissant mourir.

III

Buvez à Jupiter, à l’Amour, à Mercure,
Aux Grâces, pleines de douceurs.

  1. Narcisse.