prêtes de la pesanteur de l’atmosphère ; le tigre et le lion semblaient les prophètes de la colère du ciel.
Alors on entendit sur le haut des gradins les cris des femmes :
les hommes se regardaient les uns les autres, muets. En ce
moment ils sentirent trembler la terre sous leurs pieds. Les
murs du théâtre vacillèrent ; et à quelque distance, les toits
des maisons se heurtèrent et s’écroulèrent avec fracas ; le
nuage de la montagne, sombre et rapide comme un torrent,
parut rouler vers eux, et lança de son sein une pluie de
cendres mêlée de fragments de pierres brûlantes. Sur les vignes
abattues, sur les rues désolées, sur l’amphithéâtre lui-même,
au loin et au large, et jusque dans les flots de la mer qu’elle
agita ; s’étendit cette pluie terrible !…
L’assemblée ne s’occupa pas davantage de la justice ni d’Arbacès… la seule pensée de chacun était sa propre sûreté… ils voulurent fuir, se pressant, se poussant, s’écrasant les uns les autres, marchant sans pitié sur celui qui était tombé ; au milieu des plaintes, des jurements, des prières, des cris soudains, cette foule énorme se précipita dans les nombreux vomitoires de l’amphithéâtre : mais où fuir ? Quelques-uns, prévoyant un second tremblement de terre, se hâtaient de reprendre le chemin de leurs maisons, afin de se charger de leurs objets les plus précieux, et de chercher leur salut dans la fuite, pendant qu’il en était encore temps ; d’autres, craignant cette pluie de cendres qui tombait par torrents dans les rues, cherchaient un abri sous le toit des maisons prochaines, dans les temples, dans tous les lieux qui pouvaient les protéger contre les airs ; mais les nuages succédaient aux nuages, et l’obscurité devenait de plus en plus sombre. C’était une nuit soudaine, une nuit effrayante qui s’emparait du milieu du jour.